Loi Liberté de création, architecture et patrimoine : et si on confiait ça à un stagiaire ?

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On le sait, avec le dispositif des emplois d’avenir, le gouvernement s’attache à donner un avenir (?) aux jeunes.
Le ministère de la culture va plus loin en offrant un stage de rêve directement au cabinet !
Voyez un peu l’intitulé de la proposition : « Préparation et suivi du projet de loi “Liberté de création, architecture et patrimoines” (1 poste) »
Non non, ce n’est ni un gag (ou alors monté par le cabinet lui-même) ni une mystification dont nous serions les auteurs.
C’est réel et cela se trouve sur le site de l’Etudiant.
Si nous détaillons l’offre, c’est bien le cabinet de la ministre qui est en recherche de cet oiseau rare : «Employeur : Cabinet de la ministre de la Culture et de la Communication (bureau du cabinet), 1 poste, lieu Paris (75) , 1er, 4 rue de Valois, métro Palais-Royal, 28/06/2015, Réf. 56709627 »
La mission est clairement définie :
Aux côtés du conseiller parlementaire
– préparation des réunions interministérielles sur le projet de loi LCAP
– préparation des argumentaires de la ministre
– préparation de documents de synthèse pour les parlementaires
– aide à la rédaction de réponses aux courriers de parlementaires (portant sur le projet de loi LCAP)

Évidemment il ne faut pas venir les mains vides, un niveau Bac +5 est requis (éventuellement bac +4 ne soyons pas mesquin), avec une « connaissance de base quant au fonctionnement des institutions et la vie parlementaire» et aussi avec une expérience d’assistant parlementaire, c’est quand même du sérieux, il ne faudrait pas tomber sur un stagiaire amateur !
Bien sûr l’offre de stage indique que ce stagiaire professionnel devra servir son travail avec la «qualité rédactionnelle» qui s’impose à ce niveau.
N’oublions pas le petit plus appréciable, le stagiaire idéal sera réactif et riche d’un esprit d’initiative.
Il ou elle devra quand même travailler vite puisqu’il prendra ses fonctions le 13 juillet et s’en repartira le 11 octobre.
Enfin un travail demandant une telle expertise sera royalement rémunéré : 508,20 euros par mois jusque fin août puis une augmentation mirifique qui portera les émoluments à 554,40 euros par mois.

Quand on pense qu’il y a quelques mois, la presse dénonçait les primes des conseillers du cabinet de la ministre… on voit que la leçon a été retenue !
Au-delà de la surprise légitime qui fut la nôtre à la lecture de cette annonce, nous nous interrogeons véritablement sur son objet.

La ministre n’a cessé de dire et répéter quelle « consécration législative » serait un tel texte, sans compter l’inscription au calendrier parlementaire de cette loi qui est à elle seule -parait-il- une « victoire» après un « combat acharné » tel qu’elle l’a rappelé lors du CNPS du 1er juillet.

Sans vouloir de mal à cet hypothétique stagiaire, sans vouloir empêcher des jeunes de se former via les stages, comment peut-on vraiment confier de telles responsabilités à un seul stagiaire ?
Le cabinet se serait-il soudainement dépeuplé ?
Le bureau des ressources humaines du cabinet ne serait-il pas avisé de rechercher au sein du ministère lui-même les personnes habilitées à remplir de telles missions ??
Peut-être devrait-il aussi lire quelques passages des procès-verbaux des instances ministérielles : il y découvrirait la somme de travail accompli par les agents des différents services impliqués… Certes, ils ne sont pas stagiaires… grave défaut semble-t-il…

Les incertitudes et les errements liés à l’écriture d’une « loi pas trop longue et normée » trouvent aujourd’hui leur acmé avec cette publication d’offre de stage.

CFDT-CULTURE : Loi LCAP… Et si on confiait ça à un stagiaire ?