Combattre l’âgisme au ministère de la Culture !

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On peut constater et se réjouir, à la lecture des bilans sociaux, qu’il y ait un renouvellement générationnel au sein de notre ministère. En effet, les âges moyens et médians ne cessent de baisser au fil des années.

Mais notre syndicat — parce qu’il accompagne beaucoup d’agents en difficulté dans leur carrière — fait aussi le constat que ceux-ci sont majoritairement des agents de 55 ans et plus, candidats à de nombreux postes, mais sans jamais trouver (ou retrouver) de nouvelles affectations. Des agents, de fait, privés de mobilité. Et dans un monde des « lignes directrices de gestion », où la mobilité fait la carrière, ils se trouvent privés d’avancement. Une discrimination par l’âge qui semble toucher plus particulièrement les femmes de ce ministère !

Cette discrimination porte un nom : l’âgisme. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit l’âgisme comme « un préjugé ou un comportement discriminatoire » envers des personnes et des groupes « en raison de leur âge » et ajoute que « des études scientifiques montreraient que l’âgisme pourrait être désormais plus répandu que le sexisme ou le racisme ».

L’OMS précise que : « L’âgisme apparaît lorsque l’âge est utilisé pour catégoriser et diviser les gens d’une façon qui entraîne des préjudices, des désavantages et des injustices. Il peut prendre de nombreuses formes, se traduisant par des attitudes empreintes de préjugés, des actes discriminatoires et des politiques et des pratiques institutionnelles perpétuant des croyances stéréotypées*».

Cette discrimination est sournoise et — de manière relativement nouvelle — particulièrement prégnante dans notre sphère ministérielle. Il est permis de penser que les recruteurs sont en partie responsables de cette tendance, mais sont-ils les uniques responsables ? NON, le ministère n’est pas une exception : comme beaucoup d’autre structures, il semble rempli de préjugés envers les « boomers » et gagné par un jeunisme ambiant.

Pourtant les agents plus anciens ont largement contribué à la construction et à la mise en œuvre des politiques publiques culturelles ; ils sont expérimentés, disponibles, dynamiques et non passéistes, à l’encontre de ce que pourraient laisser croire certains préjugés ! Si l’on attend des nouvelles générations d’agents et de dirigeants qu’elles apportent un souffle nouveau, il est pénalisant pour le ministère de la Culture de ne pas s’enrichir sur l’expérience de leurs prédécesseurs dans les différents métiers et de se priver de leurs savoirs, savoir-faire dans un ministère où la question de la transmission est au cœur même des missions et des réflexions.

Il s’agit, de plus, d’un non-sens en termes d’organisation des ressources humaines alors que de nombreux services ou établissements du ministère manquent régulièrement de personnel.

La mise au rebut, la relégation professionnelle et sociale lorsque l’on a dépassé la cinquantaine sont vécues comme une grande violence et représente un bénéfice nul pour le ministère. Au-delà de ces questions de fond, La carrière des agents est, dans bien des cas, stoppée sans perspective de promotions.

La compétition entre jeunes et moins jeunes agents doit être dépassée.

Le ministère doit se saisir très rapidement de cette question qui deviendra encore plus prégnante si l’âge de la retraite devait être repoussé.

Pour la CFDT-CULTURE, le fossé et le conflit des générations doivent être dépassés, et le ministère de la Culture doit entreprendre sans tarder la lutte contre cette discrimination qu’est l’âgisme.

Être relégué professionnellement et socialement parce qu’on a plus de 55 ans est inacceptable !

La prise de conscience doit être collective. Aussi, des données précises sur l’âge des agents qui sont en attente d’affectation et sur les mobilités et promotions des plus âgés permettraient, dans un premier temps, d’objectiver la situation.

Les sociologues affirment que la cohabitation intergénérationnelle s’avère une véritable richesse pour les collectifs de travail et que l’innovation naît de la mixité des compétences et des âges**.

Alors apprenons à considérer que la diversité des profils et des âges est une richesse pour nos collectifs de travail et notre ministère, et non une charge !

Donnons à chacun sa place, quel que soit son âge !

 

Paris, le 25 mai 2022