Camarades,
Le rapport d’activités que nous avons entendu hier dit au fond une chose essentielle : la CFDT est là, quand il s’agit de défendre le travail, de protéger les droits, et de construire l’avenir.
Mais nous devons le dire avec clarté : cela ne suffit plus.
Pour notre syndicat de la fonction publique, nous sommes aujourd’hui face à une remise en cause systémique de l’action publique.
Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement l’efficacité du service public. C’est sa légitimité même.
Partout, on nous parle de rationalisation, de performance, de mutualisation… Et derrière ces mots, ce sont les suppressions d’emplois, les sous-effectifs, les fusions, les fermetures de guichets, les logiques d’appel à projets à la place des politiques publiques.
Nous refusons cette dérive.
Nous voulons plus de fonction publique. Pas moins.
Une fonction publique au service du bien commun.
Une fonction publique qui respecte les agents, leurs expertises, leur engagement.
Une fonction publique qui n’oppose pas les missions, qui ne les dépolitise pas, qui ne les instrumentalise pas.
Et dans cette fonction publique, il y a un pilier trop souvent oublié : la culture.
La culture n’est pas une variable d’ajustement.
Elle n’est pas un ornement.
Elle est un levier d’émancipation. Elle est un fondement démocratique.
Elle est ce qui relie, ce qui émancipe, ce qui ouvre.
Et pourtant, dans nos métiers, dans nos établissements culturels, nous voyons se multiplier les signes de désengagement.
Des métiers précarisés.
Des statuts non reconnus.
Des carrières bloquées.
Des restructurations imposées.
Des services publics culturels fragilisés, voire sacrifiés.
C’est inacceptable. Et c’est politiquement dangereux.
Car là où la culture recule, la défiance progresse.
Là où le débat disparaît, l’autoritarisme gagne.
Là où le commun s’efface, les replis identitaires s’installent.
Plus de culture, c’est plus de démocratie.
C’est ce message que nous portons ici, en tant que CFDT-CULTURE.
Pendant cette mandature, notre syndicat a été renouvelé : un congrès en 2023 particulièrement réussi, un bureau de syndicat formé (merci C3 !), un déménagement au sein des locaux du Ministère, la création de plusieurs sections et des adhésions en hausse depuis 2019…
Nous sommes revenus dans le groupe sentinelles, nous avons remis la formation au cœur de notre fonctionnement grâce à C3.
Nous avons porté et obtenu des victoires importantes pour les agents : la signature de l’accord PSC, l’ouverture de négociations pour la rémunération des contractuels (et la signature d’un accord historique pour les enseignants contractuels) …
Nos 28 sections et nos élus, présents sur toute la France et en outre-mer, ne manquent pas de travail sur le terrain : obtention de tickets restos pour les agents de surveillance de nuit, accords télétravail, négociations de protocole de sorties de grève, lutte contre les externalisations des missions de médiation…. Par ailleurs nous avons gagné ou conservé nos sièges dans de nombreux conseils d’administration : Musée du Louvre, Centre des monuments nationaux, Mobilier national, centre Pompidou, palais de la porte dorée….
Notre force c’est d’être en proximité.
C’est ce combat que nous mènerons dans la mandature qui s’ouvre.
Avec les autres syndicats de la fédération.
Avec les autres fédérations de la CFDT.
Avec toutes celles et ceux qui croient encore que le travail mérite du respect. Que les services publics méritent des moyens. Que la culture mérite un avenir.
Et parce que nous croyons à la démocratie, nous croyons aussi à l’action syndicale.
Nous ne sommes pas là pour gérer le statu quo.
Nous sommes là pour transformer.
Nous ne voulons pas seulement être entendus.
Nous voulons peser.
Dans la négociation.
Dans la vie des services et des établissements.
Dans le lien de confiance avec les agents.
Dans la mandature qui vient de s’achever, notre envie de plus de culture dans cette fédération a souvent eu comme réponse que c’était à nous de nous faire entendre. Nous sommes intervenus en CNF, et nous partageons nos communiqués avec le pole CASé. Les questions culturelles doivent aussi être pensées en collectif au niveau de la fédération car nous sommes plusieurs syndicats qui touchent à la culture : qui mieux que la fédération peut faire remonter à la confédération ces sujets ?
Nous avons devant nous des défis immenses :
Le renouvellement générationnel du syndicalisme.
La transition écologique et ses impacts sur le travail.
L’irruption de l’intelligence artificielle dans nos métiers.
La bataille pour l’égalité réelle.
Et la construction d’un projet fédéral où la culture n’est pas périphérique mais centrale.
Alors oui, il nous faut une nouvelle ambition.
Et cette ambition, elle commence aujourd’hui.
Merci encore à celles et ceux qui ont conduit notre fédération pendant cette période.
Merci pour leur engagement, pour leurs combats.
Ils nous laissent une maison solide.
À nous désormais de l’habiter pleinement.
Et d’y faire entrer l’air du large.
Parce que nous n’avons pas peur de ce qui vient.
Parce que nous avons les outils pour agir.
Et parce que nous savons d’où nous venons.
Nous sommes la CFDT.
Nous sommes la CFDT-CULTURE.
Et nous sommes là pour faire bouger les lignes.