NOTRE-DAME DE PARIS : CESSONS DE JOUER À LA LOTERIE AVEC NOTRE PATRIMOINE

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NOTRE-DAME DE PARIS : CESSONS DE JOUER À LA LOTERIE AVEC NOTRE PATRIMOINE

L’inimaginable s’est produit : hier soir, en quelques dizaines de minutes, un incendie a dévoré Notre-Dame de Paris. Une icône de Paris, de la France, un monument-clef de l’architecture a subi des dommages irréversibles, dont les étendues sont encore à évaluer.
Cruauté de l’histoire, c’est au moment où commençait une des plus importantes campagnes de restauration de son histoire que Notre-Dame a failli disparaître : comme la cathédrale de Chartres, en 1836, quand des ouvriers travaillant sur sa couverture mirent involontairement le feu ; comme la Bibliothèque nationale, sur le site Richelieu, où heureusement le feu fut rapidement circonscrit ; comme à l’hôtel Lambert, à quelques mètres de Notre-Dame de Paris, dont les décors uniques disparurent pour partie… La liste serait longue des monuments qui ont été dévastés, parfois à jamais, pour un « simple » court-circuit électrique, comme le château de Lunéville ou l’hôtel de ville de La Rochelle.
Quelles leçons allons-nous, cette fois-ci, tirer de ce drame patrimonial ?
Un incendie n’est pas une fatalité, et il pose de nombreuses questions, non pas sur le travail des agents sur l’entretien des monuments historiques, ou sur l’organisation des chantiers de restauration, ou sur les mesures de prévention mises en œuvre, mais bien sur les moyens financiers, et surtout humains qui doivent permettre le total accomplissement de l’ensemble de nos missions visant à conserver, préserver et valoriser notre patrimoine.
Pour Notre-Dame de Paris, il est trop tard : le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, confiée à la direction régionale de la police judiciaire, pour « destruction involontaire par incendie ».
Mais pour tout notre patrimoine ? Quelles questions allons-nous nous poser ?
Ce ne sont pas les millions défiscalisés des riches familles françaises qui feront une politique patrimoniale. Ce n’est pas une « grande opération de collecte » qui permettra de recruter des agents publics compétents et fiers de servir dans notre ministère.
Ce sont des moyens réguliers, humains et financiers, portant une politique culturelle volontariste.
Faisons donc une pause républicaine, cessons la réforme pour la réforme et entamons une réforme qui visera à sauvegarder nos métiers, nos missions et les compétences détenues par nos agents.
Les envies de « transformation du ministère de la Culture » ne doivent pas être la priorité quand le seul but est encore et toujours faire moins avec moins.
Désormais on en connait la conséquence directe : elle est visible, plantée au cœur de Paris.

La CFDT-Culture, le 16 avril 2019