Les services du ministère de la Culture dans les Outre-Mer : et si le ministère s’y intéressait enfin ?

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Lors du comité technique ministériel (CTM) du 4 juillet dernier, qu’elle présidait pour la première fois, Madame la Ministre de la Culture, dans sa réponse globale aux déclarations des représentants du personnel, a dit qu’elle reviendrait ultérieurement sur la situation des Outre-Mer. La CFDT-CULTURE tient à lui rappeler cet engagement, mais demande, surtout, que le ministère se penche enfin sur la situation de ses agents et de ses services dans les Outre-Mer.

Cela fait des années que la CFDT-CULTURE interpelle les ministres successifs sur les difficultés récurrentes que rencontrent nos collègues affectés dans les Outre-Mer, dont les appels au secours ne rencontrent, au mieux, qu’une indifférence polie. Il ne s’agit pas là de ne parler que de dotations budgétaires ou de plafonds d’emploi, mais bien du sens de nos métiers. Comment exercer les missions qui sont celles du ministère de la Culture en Guyane, où la direction des affaires culturelles a été rayée de la carte voici bientôt trois ans ? Comment fonctionner au quotidien quand la moindre dépense de fonctionnement passe désormais par des secrétariats généraux mutualisés ? Comment apporter un soutien efficace aux structures culturelles quand ces mêmes services mutualisés imposent leurs propres règles dans l’instruction des demandes de subvention ?

Cette alerte est encore plus vive en ce qui concerne nos collègues des services de l’archéologie et de l’INRAP, dont le sous-effectif structurel ne permet pas de répondre aux enjeux de l’aménagement du territoire. Le va-et-vient permanent entre agents de l’INRAP et du ministère pour occuper les postes vacants ne doit pas masquer le besoin vital de renforcer des équipes en permanence au bord de la rupture, dans des territoires où les enjeux économiques et sociaux et les contraintes de déplacements sont sans commune mesure avec la métropole. Rappelons, par exemple, que le service de l’archéologie de la DAC Océan Indien, constitué de seulement deux agents, doit se charger de la gestion de la Réunion ET de Mayotte ou que le suivi de Saint-Pierre-et-Miquelon est assuré… par le Service régional de l’archéologie de Bretagne.

À chaque fois que ces questions ont été abordées en CTM, les ministres successifs ont affirmé leur attachement à la présence du ministère de la Culture dans les Outre-Mer. Les faits ne plaident pourtant pas dans ce sens : on se souviendra notamment qu’au moment où l’un des prédécesseurs de la ministre affirmait, dans ses premiers vœux, qu’il défendrait les DRAC, le gouvernement entérinait la disparition de la DAC Guyane. Certes, les crédits déconcentrés à destination des Outre-Mer ont été sanctuarisés depuis des années, mais c’est la moindre des choses, compte-tenu du besoin réel d’investissement de l’État en matière culturelle dans ces territoires. Et, comme partout en France, mais de manière peut-être encore plus significative, le ministère de la Culture n’apparaît généralement que comme un partenaire financier des projets, laissant planer le sentiment que les collectivités territoriales sont les seules à porter des projets culturels.

Ce qu’il manque en réalité, depuis des années, c’est une réelle volonté du ministère de la Culture de s’engager outre-mer, en s’appuyant sur ses équipes, qui connaissent les contextes locaux et travaillent avec tous les acteurs culturels, mais qui ont le sentiment d’être oubliées.

Le ministère de la Culture doit, à ses agents et aux citoyens des Outre-Mer, une plus grande considération. Elle doit se traduire, d’abord, par le rétablissement de DAC de plein exercice, par le renforcement des équipes, mais aussi par une plus grande visibilité des actions de l’État en matière culturelle, qui permettent de valoriser le travail de ses agents. Et dans ces domaines, les déclarations d’intention ne suffiront pas.

La CFDT-CULTURE attend donc de connaître la place que le ministère serait enfin prêt à accorder aux Outre-Mer.