Le ministère de la Culture est à la croisée des chemins. Entre injonctions multiples, contraintes budgétaires et attentes immenses, le service public culturel résiste, porté par l’engagement des agents. Dans les DRAC, les établissements, les écoles, les bibliothèques, les monuments : les missions s’intensifient, les moyens stagnent, et la reconnaissance reste en suspens.
Dans ce contexte, les transitions écologiques, sociales et territoriales appellent une réponse forte. La culture n’est pas un supplément d’âme : elle est une réponse. Un levier d’émancipation, de cohésion et de démocratie. Pour la CFDT-CULTURE, elle doit retrouver toute sa place dans les priorités de l’État.
Mais cette ambition ne pourra être portée sans des personnels reconnus, soutenus, et pleinement impliqués. La CFDT-CULTURE porte une conviction : un service public de qualité repose sur des conditions de travail dignes, un pilotage partagé, et une confiance réelle dans les compétences des agents.
Sur le projet de décret relatif aux Architectes des bâtiments de France, nous rappelons un principe fondamental : la protection du patrimoine ne peut être assurée dans la durée qu’avec des agents publics titulaires, garants de l’indépendance et de la continuité du service. La délégation de signature à des contractuels ne peut être banalisée. Elle doit rester l’exception, encadrée et temporaire. Nous appelons à une politique de recrutement ambitieuse et cohérente avec les exigences de la mission.
Concernant les lignes directrices de gestion mobilité et promotion 2025-2029, nous saluons une structuration renforcée. Mais elle doit désormais s’accompagner d’engagements concrets pour que les agent.e.s puissent se les approprier et s’en saisir. Les LDG ont pour objectif de définir une stratégie pluriannuelle en matière de gestion des ressources humaines, notamment en matière de mobilité, de promotion et de valorisation des parcours professionnels. Nous aimerions connaitre et discuter en profondeur de cette stratégie au sein du ministère. Les mobilités choisies doivent être encouragées. Les passerelles entre corps doivent devenir réalité. Et les promotions doivent intégrer les enjeux d’égalité, notamment pour les agents de catégorie C et les femmes. Cela suppose aussi un accompagnement réel des parcours professionnels, par la formation, par la valorisation des compétences, par une attention soutenue à la diversité des situations et à l’allongement de la vie professionnelle.
Le rapport social unique 2023 met en lumière les fragilités de notre ministère : hausse du recours aux contractuels, précarisation rampante, inégalités persistantes, et qualité de vie au travail dégradée. La CFDT-CULTURE ne s’en contente pas. Nous portons l’exigence d’un plan d’action, adossé à des indicateurs partagés et à des objectifs lisibles. Le RSU doit devenir un levier de transformation, au service d’une politique RH assumée.
Sur le projet de préfiguration de la nouvelle direction générale en charge de l’enseignement supérieur, la CFDT-CULTURE rappelle que le calendrier retenu est précipité et que la méthode de concertation reste à consolider. Le dialogue social ne peut se réduire à des échanges formels en aval d’une décision déjà prise. Ce projet impacte l’ensemble de l’écosystème ministériel – établissements, DRAC, DAC, services centraux. Il appelle un travail sérieux, régulier, et co-construit avec les représentants du personnel.
Sur l’école d’architecture de La Réunion, nous saluons une avancée attendue. Elle incarne une promesse : celle d’un accès élargi à l’enseignement supérieur culturel. C’est une victoire pour le territoire. Mais cette promesse ne tiendra que si les moyens suivent, et si les conditions de travail des équipes sont garanties, dès la phase de préfiguration.
Dans tous ces sujets, une condition traverse les enjeux : le dialogue social. Il n’est pas un supplément de procédure. Il est une condition de réussite. Nous ne demandons pas un dialogue social décoratif, mais un dialogue réel, structurant. Ce que nous attendons, c’est une méthode claire : des instances respectées, des calendriers tenus, des échanges préparés, des marges de négociation ouvertes.
Alors que s’ouvre un nouveau cycle budgétaire et stratégique, nous savons que les choix de demain se préparent aujourd’hui. Ils pèseront durablement sur la capacité des services à agir, sur les parcours des agent.e.s, et sur la place de la culture dans la République. La CFDT-CULTURE sera là. Exigeante et constructive. Fidèle à sa responsabilité : porter la voix de celles et ceux qui, chaque jour, font vivre le service public culturel.