Déclaration de la CFDT-CULTURE au CT ministériel du 26 février 2013

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Madame la Directrice de Cabinet,

Depuis neuf mois maintenant les électeurs ont choisi un nouveau président et un nouveau gouvernement. Un nouveau budget a été présenté et dès lors de nouvelles espérances se sont envolées.

Le ministère de la Culture et de la Communication est depuis de nombreuses années un ministère de plein exercice, avec son -ou sa- ministre. Depuis neuf mois, nous, agents de ce ministère, avons une nouvelle ministre… En revanche nous peinons, pour ne pas dire plus, à comprendre la politique culturelle qui est souhaitée au sein du MCC. Ou plus exactement nous peinons à comprendre si une politique culturelle, nouvelle, est mise en oeuvre.

En effet, après une arrivée quasi tonitruante et des décisions prises tambour-battant, la ministre et le ministère se sont éteints progressivement….

Le budget a été la première grosse anicroche : une pâle défense, un recul sur tous les engagements et un gros revers pour les agents de ce ministère. La continuité de la RGPP qui change de nom entraîne la perte -pour cette année- d’une centaine de postes (et on sait que le plus dur reste à venir), avec la baisse du budget de la culture, les missions de certains départements sont mises en péril par l’absence de crédits et des personnels non remplacés. Tous ces éléments sont autant de démonstration de promesses non tenues.

Nous connaissons par avance vos objections : l’austérité, la crise, Bercy….

À ce sujet, lorsque nous réclamons l’exercice de la tutelle, sans doute devrions-nous préciser de quelle tutelle il s’agit : celle de notre ministère, pas celle des finances et du budget tenus par Messieurs Moscovici ou Cahuzac.

Nous avons commencé cette déclaration en indiquant que ce ministère est un ministère de plein exercice. En définitive, comme l’ensemble des autres ministères dits non prioritaires, c’est un leurre : toutes les décisions qui pourraient être prises connaissent la voie sans issue de la rue de Bercy.

La mise en oeuvre de la loi 2012-347 ? Trop chère, donc on continuera de sous-payer les professeurs des écoles d’architecture.

La résorption de la précarité hors le protocole Sauvadet dans les établissements dérogatoires législatifs ? Rien à la hauteur des espérances des agents en situation de précarité de longue durée…

On peut se demander alors si l’absence de politique culturelle lisible et visible n’est pas seulement l’aveu d’impuissance d’une ministre face à son collègue surpuissant voire potentat… et à la décharge de notre ministre, ce n’est hélas pas une nouveauté. Depuis de trop longues années, maintenant, le ministère du Budget tient sous sa coupe l’ensemble de la politique de la culture tant dans les missions et les choix, toujours financiers, à effectuer. Et bien entendu cela a des conséquences directes sur les conditions de travail de l’ensemble des agents, en centrale , en région ou dans les établissements publics.

La situation est par ailleurs paradoxale : politique culturelle en berne, néanmoins volonté affichée de « rénover » le dialogue social au sein du ministère… Pourquoi, pour qui, comment et avec quels moyens ?

Cette volonté, toute louable qu’elle soit, se heurte, dans son application, à plusieurs obstacles dont les premiers que nous avons déjà évoqués sont sans doute les plus prégnants : les moyens financiers et les emplois.

Au-delà même de l’intention, il est à craindre que le dialogue social ne soit plus que l’habillage de la politique ministérielle, en somme l’arbre qui masque la forêt : puisqu’on ne peut arriver à rien, autant dialoguer, ça ne coûte pas cher, juste beaucoup de temps.

Les dossiers, et nous l’avons vu vendredi soir, et nous le voyons encore aujourd’hui avec l’ajout de points à la demande des camarades des autres organisations, sont nombreux et tous urgents…. Nous devons parler de tout, immédiatement, tout le temps.

Au-delà de tout ce dialogue social il serait bon cependant de voir se dessiner une volonté politique qui fasse de la culture un des ciments de la nation : qu’on l’appelle culture pour tous ou éducation populaire, aujourd’hui la réalité c’est l’absence d’égalité d’accès à la culture, on a parlé de fracture numérique, la fracture culturelle quant à elle participe de la fracture sociale.

Envisager de combattre l’insécurité avec des bibliothèques, des musées, des salles de spectacles ne coûterait pas beaucoup plus cher que de déployer toujours plus de policiers, gendarmes et autres CRS.

Nous acceptons sans peine d’être taxés d’idéalistes et d’utopistes. Car nous ne sommes pas acheteurs de la réalité que vous essayez de nous vendre à coup d’austérité, et de responsabilité financière, discours mal venu à l’égard de fonctionnaires et contractuels depuis longtemps mal payés, et fatigués.

Nous l’avons déjà dit, les promesses faites vous engagent, vous. Vous portez la responsabilité d’une politique culturelle qui va au-delà d’un simple aspect comptable.

Vous pourriez nous juger défaitistes dans notre discours, mais tel n’est pas le cas. C’est surtout une inquiétude quant à l’avenir même de ce ministère et de ce qu’il peut porter d’espoirs pour la nation en son entier.

La CFDT-CULTURE, le 26 février 2013