Déclaration liminaire de la CFDT-CULTURE Formation spécialisée ministérielle  6 novembre 2025

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 Monsieur le Président,

La CFDT-CULTURE souhaite ouvrir cette séance en revenant sur un événement qui a profondément marqué le ministère et l’ensemble de ses agents : le vol survenu le 19 octobre dernier au musée du Louvre. Au-delà de l’émotion légitime qu’il a suscitée, cet acte met en lumière de façon brutale les failles structurelles de la sécurisation de nos établissements culturels : manque chronique de personnels, dispositifs techniques obsolètes, procédures de coordination insuffisantes entre la sûreté, la surveillance et la prévention des risques.

Ce n’est pas un fait isolé : c’est le symptôme d’un système à bout de souffle, où l’on demande aux équipes de garantir la sécurité des œuvres, des publics et des bâtiments sans moyens humains suffisants.

Le Louvre révèle ici une problématique plus large : celle de la sécurité globale des établissements culturels, indissociable de la santé et de la sécurité au travail.

La CFDT-CULTURE tient à rappeler que la sûreté fait partie intégrante des conditions de travail.
Un agent insuffisamment formé, isolé, exposé à des risques d’agression, de surcharge ou de stress permanent, n’est pas seulement un agent en difficulté : c’est un maillon affaibli d’un dispositif collectif de protection.

Nous appelons à un plan d’urgence ministériel pour la sécurisation des sites, fondé sur trois priorités :

  • le renforcement immédiat des effectifs de la filière Accueil et Surveillance, cœur du dispositif de sécurité et de lien avec le public ;
  • la mise à niveau des équipements de sûreté et d’alerte ;
  • la reconnaissance pleine et entière du rôle des agents d’accueil, de surveillance et de prévention dans la politique globale de sécurité du ministère.

Ce plan devra s’appuyer sur le dialogue social et les retours de terrain, en associant les formations spécialisées et les ISST dès sa conception.

 

 

 

À cette question de la sécurité s’ajoute un autre enjeu majeur : la surfréquentation.

Dans plusieurs établissements, notamment les grands musées nationaux, les seuils de fréquentation atteignent désormais des niveaux qui mettent en tension les équipes, dégradent les conditions d’accueil et accroissent les risques physiques et psychosociaux.
La densité du public, la fatigue liée à la station debout prolongée, la gestion des flux touristiques et des comportements inciviques créent un climat de stress permanent pour les personnels. Cette situation fragilise la mission même de service public : accueillir, protéger, transmettre.

La CFDT-CULTURE demande qu’une réévaluation des seuils de fréquentation et des ratios agents/visiteurs soit engagée sans délai, afin de garantir la sécurité des publics comme celle des agents.

La santé et la sécurité au travail ne peuvent être les variables d’ajustement d’une logique de performance touristique ou de rentabilité événementielle. La qualité de l’accueil ne se décrète pas : elle se construit avec des moyens, du temps et de la reconnaissance.

Au-delà de ces urgences, le bilan 2024 de la Mission d’inspection santé et sécurité au travail (MISST) dresse un constat précis : plus de 1 400 recommandations, dont la majorité concernent directement les conditions concrètes de travail. Cette progression spectaculaire traduit à la fois l’engagement des inspectrices et inspecteurs et le retard du ministère dans la mise en œuvre effective de la prévention.

Trois constats majeurs ressortent :

  1. L’organisation des secours et la formation aux gestes qui sauvent demeurent trop lacunaires: Les dispositifs de premiers secours, la maintenance des défibrillateurs ou la mise à jour des consignes d’urgence sont encore inégaux selon les sites.
    La CFDT-CULTURE demande un plan pluriannuel de formation et d’équipement, adossé à des objectifs mesurables et financés, dans chaque établissement et service.

 

  1. Les outils structurants de la prévention – DUERP, PAPRIPACT, registres santé et sécurité – restent trop souvent formels. Ils doivent devenir des instruments vivants du dialogue social, présentés et débattus dans chaque formation spécialisée, avec des bilans N/N-1 effectifs.

 

  1. Les risques liés aux activités et aux lieux de travail se multiplient.

Exposition chimique (poussières de bois, solvants, produits de nettoyage), chutes de hauteur, incendies, co-activité, précarité des installations : autant de situations documentées par les inspections de la MISST dans les musées, laboratoires, écoles d’art ou d’architecture.

La CFDT-CULTURE appelle à renforcer les moyens des assistants et conseillers de prévention, à améliorer la coordination avec la médecine du travail, et à garantir un suivi systématique des rapports d’inspection.

 

Deux enjeux de fond se dessinent pour les années à venir :

  • Penser la prévention dans la durée, en lien avec les transformations écologiques et numériques : exposition au radon, qualité de l’air, sobriété énergétique, intelligence artificielle, surcharge cognitive et charge mentale.
  • Faire de la sûreté une dimension de la santé au travail, en intégrant pleinement la question de la présence humaine, de la formation et de la vigilance collective dans la politique ministérielle.

La CFDT-CULTURE portera aujourd’hui une revendication forte :

Que la prévention cesse d’être un chapitre administratif, pour redevenir une politique à part entière, pilotée, évaluée et partagée.

Nous saluons le travail des ISST, des acteurs de prévention et des collègues engagés sur le terrain. Mais il est temps de passer du constat à l’action :

Agir sur les causes, planifier les moyens, former les agents et garantir à chacune et chacun un environnement de travail sûr, digne et respectueux.

Prévenir n’est pas un coût : c’est la condition même de la qualité du service public culturel.

Les élu.e.s CFDT-CULTURE